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Type de textesource
TitreDe pictura
AuteursAlberti, Leon Battista
Date de rédaction1435
Date de publication originale1540
Titre traduit La Peinture
Auteurs de la traductionGolsenne, Thomas
Prévost, Bertrand
Date de traduction2004
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprint

(II, 40), p. 144

Apelles Antigonii imaginem ea tantum parte vultus pingebat qua oculi vitium non aderat. Periclem referunt habuisse caput oblongum et deforme ; idcirco a pictoribus et scultoribus, non ut cæteros inoperto capite, sed casside vestito eum formari solitum. Tum antiquos pictores refert Plutarchus solitos in depingendi regibus, si quid vitii aderat formæ, non id prætermissum videri velle, sed quam maxime possent, servata similitudine, emendabant. Hanc ergo modestiam et verecundiam in universa historia observari cupio ut fœda aut prætereantur aut emendentur.

Dans :Apelle, le portrait d’Antigone(Lien)

(II, 40), p. 145

Apelle ne peignait l’image d’Antigone que du côté du visage où l’on ne pouvait voir qu’un œil faisait défaut. On rapporte que Périclès avait une tête allongée et difforme ; c’est pourquoi les peintres et les sculpteurs avaient coutume de le représenter non pas la tête découverte comme tous les autres, mais coiffé d’un casque. Plutarque rapporte encore que les peintres anciens avaient l’habitude de peindre les rois, s’ils avaient quelque défaut, sans donner l’impression de vouloir l’omettre mais, autant qu’ils pouvaient, en l’amendant tout en respectant la ressemblance. Je désire donc que l’on observe dans toute représentation d’une histoire cette modestie et cette retenue, afin que ce qui est choquant soit omis ou amendé.

(III, 62), p. 200-202

Apellem aiunt post tabulam solitum latitare, quo et visentes liberius dicerent, et ipse honestius vitia sui operis recitantes audiret. Nostros ergo pictores palam et audire saepius et rogare omnes quid sentiant volo, quandoquidem id cum ad caeteras res tum ad gratiam pictori aucupandam valet.

Dans :Apelle et le cordonnier(Lien)

(III, 62), p. 201-203

Apelle, dit-on, avait coutume de se cacher derrière son tableau, afin de laisser parler plus librement ceux qui le regardaient et de se mettre plus honorablement en mesure de les entendre recenser les défauts de son œuvre.

(II, 61), p. 198

Interlaxandus interdum negotii labor est recreandusque animus, neque id agendum quod plerique faciunt, ut plura opera assumant, hoc ordiantur, hoc inchoatum atque imperfectum abiciant. Sed quae coeperis opera, ea omni ex parte perfecta reddenda sunt. Cuidam, cum imaginem ostenderet, dicenti: hanc modo pinxi, respondit Apelles: te quidem tacente id sane perspicuum est, quin et miror non plures huiuscemodi abs te esse pictas.

Dans :Apelle et le peintre trop rapide(Lien)

(II, 61), p. 199

Il faut aussi éviter l’erreur si fréquente de ceux qui entreprennent plusieurs œuvres, commençant celle-ci, laissant celle-là à l’état d’ébauche et imparfaite. Les œuvres que tu as commencées, tu dois au contraire les rendre parfaites en chaque partie. A quelqu’un qui lui disait, en montrant une peinture, « Je viens de la faire », Apelle répondit : « Cela se voit sans que tu le dises, je m’étonne même que tu n’en aies pas peint plusieurs de cette facture ».

(II, 61), p. 267

Né giova fare come alcuni, intraprendere più opere cominciando oggi questa e domani quest’altra, e così lassarle  non perfette, ma qual pigli opera, questa renderla da ogni parte compiuta. Fu uno a cui Appelles rispose, quando li mostrava una sua dipintura, dicendo : « oggi feci questo » ;  disseli : « non me ne maraviglio se bene avessi più altre simili fatte ».

(II, 31), p. 116

Circumscriptio quidem ea est quae lineis ambitum fimbriarum in pictura conscribit. In hac Parrhasium pictorem eum, cum quo est apud Xenophontem Socratis sermo, pulchre peritum fuisse tradunt, illum enim lineas subtilissime examinasse aiunt. In hac vero circumscriptione illud praecipue servandum censeo, ut ea fiat lineis quam tenuissimis atque admodum visum fugientibus; cuiusmodi Apellem pictorem exerceri solitum ac cum Protogene certasse referunt. Nam est circumscriptio aliud nihil quam fimbriarum notatio, quae quidem si valde apparenti linea fiat, non margines superficierum in pictura sed rimulae aliquae apparebunt.

Dans :Apelle et Protogène : le concours de la ligne(Lien)

(II, 31), p. 117

La circonscription consiste à inscrire par des lignes, dans la peinture, le tour des contours. On rapporte que le peintre Parrhasios, qui d’après Xénophon dialogua avec Socrate, était à cet égard merveilleusement habile : on prétend en effet qu’il s’était appliqué au tracé des lignes les plus fines. De fait, à mon avis, il faut veiller tout spécialement à ce que cette circonscription soit faite de lignes les plus ténues possible et qui échappent totalement à la vue ; comme celles que le peintre Apelle avaient coutume de s’exercer à tracer et qui l’ont conduit à rivaliser avec Protogène. La circonscription n’est en effet – dit-on – rien d’autre que le marquage des contours qui, s’il était effectué au moyen d’une ligne très visible, ne montrerait pas dans la peinture les bordures des surfaces mais des sortes de fissures.

(III, 61), p. 200

Protogenem soliti erant vituperare antiqui pictores quod nesciret manum a tabula amovere. Merito id quidem, nam conari sane oportet ut pro ingenii viribus quantum sat sit diligentia rebus adhibeatur, sed in omni re plus velle quam vel possis vel deceat, pertinacis est non diligentis. Ergo moderata diligentia rebus adhibenda est, amicique consulendi sunt, quin et in ipso opere exequendo omnes passim spectatores recipiendi et audiendi sunt. [[4:suite : Apelle et cordonnier]]

Dans :Apelle et la nimia diligentia(Lien)

(II, 61), p. 201

Les peintres anciens avaient coutume de reprocher à Protogène de ne pas savoir détourner sa main du tableau. Et ils avaient raison sur ce point, car s’il importe grandement de tâcher d’apporter à nos entreprises autant de soin que le permettent les forces de notre tempérament, vouloir en toute chose plus qu’on ne peut ou qu’il ne convient, c’est se montrer entêté et non soigneux.

(II, 46), p. 162

Veteres pictores Polygnotum et Timanthem quattuor coloribus tantum usos fuisse, tum Aglaophon simplici colore delectatum admirantur, ac si in tanto quem putabant esse colorum numero, modicum sit eosdem optimos pictores tam paucos in usum delegisse, copiosique artificis putent omnem colorum multitudinem ad opus congerere. Sane ad gratiam et leporem picturae affirmo copiam colorum et varietatem plurimum valere. Sed sic velim pictores eruditi existiment summam indutriam atque artem in albo tantum et nigro disponendo versari, inque his duobus probe locandis omne ingenium et diligentiam consummandam.

Dans :Apelle et la tétrachromie(Lien)

(II, 46), P. 163

On s’étonne que les peintres anciens Polygnote et Timanthe n’aient utilisé que quatre couleurs, et qu’Aglaophon n’ait pris plaisir à employer qu’une couleur simple : s’il y a autant de couleurs qu’on le croit, n’est-il pas mesquin de la part des ces excellents peintres d’en avoir choisi un si petit nombre, et n’appartient-il pas à un homme de l’art, s’il est fécond, d’entasser dans son œuvre toute la multitude des couleurs ? Sans doute, j\'affirme que l\'abondance et la variété des couleurs comptent pour beaucoup dans la grâce et la délicatesse d\'une peinture. Mais je voudrais que les peintres instruits se persuadent de ceci: à leur degré le plus élevé, le métier et l\'art consistent à disposer le noir et le blanc seulement, et c\'est à la juste mise en place de ces deux-là qu\'il faut consacrer tout son talent et tous ses soins.

(II, 27), p. 104

Referuntur de tabulis pictis pretia pæne incredibilia. Aristides Thebanus picturam unicam centum talentis vendidit.

Dans :Aristide de Thèbes : la mère mourante, le malade(Lien)

(II, 27), p. 105

On parle des prix incroyables qu’auraient atteints des panneaux peints. Aristide de Thèbes vendit une seule peinture cent talents.

(II, 41), p. 146

[[7:voir le reste dans Parrhasios Peuple]] Sed inter caeteros referunt Aristidem Thebanum Apelli aequalem probe hos animi  motus expressisse, quos certum quidem est et nos quoque, dum in ea re studium et diligentiam quantum convenit posuerimus, pulchre assequemur.

Dans :Aristide de Thèbes : la mère mourante, le malade(Lien)

(II, 41), p. 147

On rapporte qu’entre autres Aristide de Thèbes, l’égal d’Apelle, a fort bien représenté ces mouvements de l’âme que nous aussi – c’est une chose certaine – nous obtiendrons parfaitement dès lors que nous y mettrons l’application et le soin convenables.

(II, 41), p. 249

Dicono che Aristide tebano equale ad Appelle molto conoscea questi movimenti, quali certo e noi conosceremo quando a  conoscerli porremo studio e diligenza.

(III, 60), p. 196

Dionysius nihil nisi hominem poterat.

Dans :Dionysios anthropographe(Lien)

(III, 60), p. 197

Dionysios ne pouvait peindre que l’homme.

(II, 28), p. 110

[[7:voir le reste dans Pamphile]] Quin et feminis etiam haec pingendi facultas honori fuit. Martia, Varronis filia, quod pinxerit apud scriptores celebratur.

Dans :Femmes peintres(Lien)

(II, 28), p. 111

Chez les femmes aussi cette aptitude à peindre fut tenue en honneur. Martia, fille de Varron, est célébrée par les auteurs parce qu’elle peignait.

(II, 26), p. 100-102

Censebat Quintilianus priscos pictores solitos umbras ad solem circumscribere, demum additamentis artem excrevisse. Sunt qui referant Phyloclem quendam Aegyptium et Cleantem nescio quem inter primos huius artis repertores fuisse. Aegyptii affirmant sex milibus annorum apud se picturam in usu fuisse prius quam in Graeciam esset translata. E Graecia vero in Italiam dicunt nostri venisse picturam post Marcelli victorias in Sicilia. Sed non multum interest aut primos pictores aut picturae inventores tenuisse, quando quidem non historiam picturae ut Plinius sed artem novissime recenseamus, de qua hac aetate nulla scriptorum veterum monumenta quae ipsae viderim extant.

Dans :Les origines de la peinture(Lien)

(II, 26), p.101-103

Quintilien pensait que les tout premiers peintres avaient l’habitude de circonscrire des ombres au soleil, et qu’ensuite seulement l’art s’était développé par ajouts. Certains racontent qu’un certain Philoclès, un Égyptien, et je ne sais quel Cléantès furent parmi les premiers à découvrir cet art. Les Égyptiens affirment que la peinture était pratiquée chez eux depuis six mille ans avant d’être introduite en Grèce. Et c’est de la Grèce à l’Italie, disent nos auteurs, qu’est passée la peinture après les victoires de Marcellus en Sicile. Mais il importe peu de s’attacher aux premiers peintres ou aux inventeurs de la peinture, quand notre objectif n’est certes pas, comme chez Pline, une histoire de la peinture, mais un examen tout à fait nouveau de l’art de peindre.

(II, 28), p. 110

Ingens namque fuit et pictorum et sculptorum illis temporibus turba, cum et principes et plebei et docti atque indocti pictura delectabantur, cumque inter primas ex provinciis praedas signa et tabulas in theatris exponebant; eoque processit res ut Paulus Aemilius caeterique non pauci Romani cives filios inter bonas artes ad bene beateque vivendum picturam edocerent. Qui mos optimus apud Graecos maxime observabatur, ut ingenui et libere educati adolescentes, una cum litteris, geometria et musica, pingendi quoque arte instruerentur. [[4:suite : femmes peintres]]

Dans :Pamphile et la peinture comme art libéral(Lien)

(II, 28), p. 111

De fait, il y eut certainement un nombre très important de peintres et de sculpteurs aux temps où les princes comme les gens du peuple, les savants comme les ignorants prenaient plaisir à la peinture et où l’on exposait dans les théâtres, parmi les premières prises de guerre rapportées des provinces, des tableaux et des statues. Les choses en arrivèrent au point où Paul-Émile et de nombreux autres citoyens romains firent apprendre à leurs enfants la peinture parmi les disciplines libérales du vivre bien et heureux. Excellente coutume que les Grecs observaient avec tant de soin que les jeunes gens bien nés ayant reçu une éducation libérale n’étaient pas seulement instruits en grammaire, en géométrie et en musique, mais aussi dans l’art de peindre.

(III, 53), p. 178

Doctum vero pictorem esse opto, quoad eius fieri possit, omnibus in artibus liberalibus, sed in eo praesertim geometriae peritiam desidero. Assentior quidem Pamphilo antiquissimo et nobilissimo pictori, a quo ingenui adolescentes primo picturam didicere. Nam erat eius sententia futurum neminem pictorem bonum qui geometriam ignorarit.

Dans :Pamphile et la peinture comme art libéral(Lien)

(III, 53), p. 179

Je souhaite d’autre part que le peintre, dans la mesure du possible, acquière une bonne connaissance de tous les arts libéraux, mais à cet égard je désire surtout qu’il soit savant en géométrie. J’approuve en tout cas le très ancien et célèbre peintre Pamphile, qui fut le premier à enseigner la peinture aux jeunes nobles : à son avis, nul ne pouvait devenir un bon peintre s’il ignorait la géométrie.

Piacemi il pittore sia dotto, in quanto e’ possa, in tutte l’arti liberali; ma in prima desidero sappi geometria. Piacemi la sentenza di Panfilo, antiquo e nobilissimo  pittore, dal quale i giovani nobili cominciarono ad imparare dipignere. Stimava niuno  pittore potere bene dipignere se non sapea molta geometria.

(II, 31), p. 116

Circumscriptio quidem ea est quae lineis ambitum fimbriarum in pictura conscribit. In hac Parrhasium pictorem eum, cum quo est apud Xenophontem Socratis sermo, pulchre peritum fuisse tradunt, illum enim lineas subtilissime examinasse aiunt. In hac vero circumscriptione illud praecipue servandum censeo, ut ea fiat lineis quam tenuissimis atque admodum visum fugientibus ; cuiusmodi Apellem pictorem exerceri solitum ac cum Protogene certasse referunt. Nam est circumscriptio aliud nihil quam fimbriarum notatio, quae quidem si valde apparenti linea fiat, non margines superficierum in pictura sed rimulae aliquae apparebunt.

Dans :Parrhasios et les contours(Lien)

(II, 31), p. 117

La circonscription consiste à inscrire par des lignes, dans la peinture, le tour des contours. On rapporte que le peintre Parrhasios, qui d’après Xénophon dialogua avec Socrate, était à cet égard merveilleusement habile ; on prétend en effet qu’il posait les lignes avec la plus grande finesse. De fait, à mon avis, il faut veiller tout spécialement à ce que cette circonscription soit faite de lignes le plus ténues possible et qui tendent à échapper totalement à la vue ; comme celles que le peintre Apelle avait coutume de s’exercer à tracer et qui l’ont conduit à rivaliser avec Protogène. La circonscription n’est en effet – dit-on – rien d’autre que le marquage des contours qui, s’il était effectué au moyen d’une ligne très visible, ne montrerait pas dans la peinture des surfaces mais des sortes de fissures.

(II, 37), p. 134

Daemon pictor hoplicitem in certamine  expressit, ut illum sudare tum quidem diceres, alterumque arma deponentem, ut plane  anhelare videretur.

Dans :Parrhasios, les Hoplites(Lien)

(II, 35), p. 135

Le peintre Daemon représenta un hoplite au combat d’une telle manière que tu dirais qu’il transpire, et un autre déposant les armes tel qu’il semble véritablement à bout de souffle.

(II, 41), p. 146

Laudatur Euphranor quod in Alexandro Paride et vultus et faciem effecerit, in qua illum et iudicem dearum et amatorem Helenae et una Achillis interfectorem possis agnoscere. Est et Daemonis quoque pictoris mirifica laus, quod in eius pictura adesse iracundum, iniustum, inconstantem, unaque et exorabilem et clementem, misericordem, gloriosum, humilem ferocemque facile intelligas. Sed inter caeteros referunt Aristidem Thebanum Apelli aequalem probe hos animi motus expressisse, quos certum quidem est et nos quoque, dum in ea re studium et diligentiam quantum convenit posuerimus, pulchre assequemur.

Dans :Parrhasios, Le Peuple d’Athènes(Lien)

(II, 41), p. 147

On loue Euphranor d’avoir donné à Pâris Alexandre un visage et des traits où tu peux reconnaître tout ensemble l’arbitre des déesses, l’amant d’Hélène et le meurtrier d’Achille. Le peintre Daemon[[6:Alberti prend Démon pour un peintre, alors que c’est le sujet du tableau de Parrhasios.]] bénéficie encore d’une estime extraordinaire parce que tu distingues facilement dans sa peinture la présence du colérique, de l’injuste, de l’inconstant, de l’homme tout à la fois compatissant et clément, du miséricordieux, du vaniteux, de l’humble, du fougueux. On rapporte qu’entre autres Aristide de Thèbes, l’égal d’Apelle, a fort bien représenté ces mouvements de l’âme que nous aussi – c’est une chose certaine – nous obtiendrons parfaitement dès lors que nous y mettrons l’application et le soin convenables.

(II, 25), p. 98

Phidias in Elide Iovem fecisse dicitur, cuius pulchritudo non parum receptae religioni adiecerit.

Dans :Phidias, Zeus et Athéna(Lien)

(II, 25), p. 99

On dit que Phidias fit en Élide un Jupiter dont la beauté n’ajouta pas peu au culte qui lui était rendu.

(III, 60), p. 197

Phidias in deorum maiestate demonstranda quam in hominum pulchritudine elaborabat.

Dans :Phidias, Zeus et Athéna(Lien)

(III, 60), p. 197

Phidias s’attachait plus à montrer la majesté des dieux que la beauté des hommes.

(II, 27), p. 104-106

Referuntur de tabulis pictis pretia paene incredibilia. Aristides Thebanus picturam unicam centum talentis vendidit. Rhodum non incensam a Demetrio rege, ne Protogenis tabula periret, referunt. Rhodum ergo unica pictura fuisse ab hostibus redemptam possumus affirmare. Multa praeterea huiusmodi a scriptoribus collecta sunt, quibus aperte intelligas semper bonos pictores in summa laude et honore apud omnes fuisse versatos.

Dans :Protogène et Démétrios(Lien)

(II, 27), p. 105-107

On parle des prix incroyables qu’auraient atteint des panneaux peints. Aristide de Thèbes vendit une seule peinture cent talents. Si le roi Démétrios ne fit pas incendier Rhodes, ce fut pour éviter de faire disparaître un tableau de Protogène, à ce qu’on rapporte. Nous pouvons donc affirmer que Rhodes fut sauvée de ses ennemis uniquement grâce à une peinture. Les auteurs ont recueilli de nombreux récits de ce genre, grâce auxquels tu apprendras clairement que les bons peintres ont toujours été l’objet des plus grands éloges et honneurs de la part de tous.

(II, 42), p. 150

Denique et quæ illi cum spectantibus et quæ inter se picti exequentur, omnia ad agendam et docendam historiam congruant necesse est. Laudatur Timanthes Cyprius in ea tabula qua Coloteicum vicit, quod in Ifigeniæ immolatione tristem Calchantem, tristiorem fecisset Vlixem, inque Menelao mærore affecto omnem artem et ingenium exposuisset, consumptis affectibus, non reperiens quo digno modo tristissimi patris vultus referret, pannis involuit eius caput, ut cuique plus relinqueret quod de illius dolore animo meditaretur, quam quod posset visu discernere.

Dans :Timanthe, Le Sacrifice d’Iphigénie et Le Cyclope (Lien)

(II, 42), p. 151

Enfin, il est nécessaire que tout ce que les personnages peints font entre eux et avec ceux qui regardent concourre à accomplir et à enseigner l’histoire représentée. On fait l’éloge de Timanthe de Chypre pour ce tableau par lequel il l’emporta sur Colotès : alors qu’il avait fait, dans le sacrifice d’Iphigénie, Chalcas triste et Ulysse encore plus triste, et qu’il avait étalé tout son art et son talent dans l’affliction de Ménélas, ayant épuisé les affects et ne trouvant aucune façon de rendre dignement le visage d’un père plongé dans la plus grande tristesse, il lui couvrit la tête d’un morceau d’étoffe, laissant ainsi à chacun plus de matière à méditer cette douleur en son âme que de matière à distinguer par la vue.

(I, 18), p. 80-82

Hanc sane vim comparationis pulcherrime omnium antiquorum prospexisse Timanthes mihi videri solet, qui pictor, ut aiunt, Cyclopem dormientem parva in tabella pingens fecit iuxta satyros pollicem dormientis amplectentes ut ea satyrorum commensuratione dormiens multo maximus videretur.

Dans :Timanthe, Le Sacrifice d’Iphigénie et Le Cyclope (Lien)

(I, 18), p. 81-83

J’ai coutume de considérer Timanthe comme le peintre qui, parmi les Anciens, a discerné de la plus belle manière cette force de la comparaison : ce peintre, à ce qu’on dit, peignant dans un petit panneau un Cyclope endormi, fit à côté de lui des satyres accrochés à son pouce, afin que par rapport aux satyres le dormeur semblât bien plus grand encore.

(III, 56), p. 186-188

Sed quo sit studium non futile et cassum, fugienda est illa consuetudo nonnullorum qui suopte ingenio ad picturae laudem contendunt, nullam naturalem faciem eius rei oculis aut mente coram sequentes. Hi enim non recte pingere discunt sed erroribus assuefiunt. Fugit enim imperitos ea pulchritudinis idea quam peritissimi vix discernunt. Zeuxis, praestantissimus et omnium doctissimus et peritissimus pictor, facturus tabulam quam in tempio Lucinae apud Crotoniates publice dicaret, non suo confisus ingenio temere, ut fere omnes hac aetate pictores, ad pingendum accessit, sed quod putabat omnia quae ad venustatem quaereret, ea non modo proprio ingenio non posse, sed ne a natura quidem petita uno posse in corpore reperiri, idcirco ex omni eius urbis iuventute delegit virgines quinque forma praestantiores, ut quod in quaque esset formae muliebris laudatissimum, id in pictura referret. Prudenter is quidem, nam pictoribus nullo proposito exemplari quod imitentur, ubi ingenio tantum pulchritudinis laudes captare enituntur, facile evenit ut eo labore non quam debent aut quaerunt pulchritudinem assequantur, sed plane in malos, quos vel volentes vix possunt dimittere, pingendi usus dilabantur. Qui vero ab ipsa natura omnia suscipere consueverit, is manum ita exercitatam reddet ut semper quicquid conetur naturam ipsam sapiat. Quae res in picturis quam sit optanda videmus, nam in historia si adsit facies cogniti alicuius hominis, tametsi aliae nonnullae praestantioris artificii emineant, cognitus tamen vultus omnium spectantium oculos ad se rapit, tantam in se, quod sit a natura sumptum, et gratiam et vim habet. Ergo semper quae picturi sumus, ea a natura sumamus, semperque ex his quaeque pulcherrima et dignissima deligamus.

Dans :Zeuxis, Hélène et les cinq vierges de Crotone(Lien)

(II, 56), p. 187-189

Mais pour que l’étude ne soit pas futile et vaine, il faut perdre cette habitude qu’ont certains de se fier à leur seul talent pour attirer les éloges sur leur peinture, sans se mettre devant les yeux ou l’esprit aucune chose dont ils suivent l’aspect naturel. Car ceux-là n’apprennent pas à peindre correctement, mais s’habituent à leurs erreurs. Elle échappe en effet aux peintres sans expérience, cette idée de la beauté que les peintres accomplis distinguent à peine. L’incomparable Zeuxis, le plus savant et le plus accompli de tous, devant faire un tableau à consacrer publiquement dans le temple de Lucine chez les Crotoniates, entreprit de le peindre sans se fier étourdiment à son propre talent, comme le font presque tous les peintres de notre époque ; au contraire, estimant que non seulement tout ce qu’il recherchait pour atteindre la vénusté ne pouvait lui être acquis par son talent, mais que, même en le demandant à la nature, il ne pourrait le trouver en un seul corps, il chosit dans toute la jeunesse de cette ville cinq jeunes filles particulièrement belles, afin de reporter dans sa peinture ce qui de la forme féminine était en chacune le plus digne d’éloges. Il fit preuve de sagesse, car lorsque les peintres n’ont devant eux aucun modèle à imiter et tentent, en s’appuyant sur leur seul talent, d’attirer les éloges dus à la beauté, il arrive facilement que ces efforts ne les conduisent pas à la beauté nécessaire ou recherchée et qu’ils tombent dans de mauvaises habitudes de peindre, dont ils ont peine à se défaire alors même qu’ils le veulent. Au contraire, celui qui se sera accoutumé à tout prendre de la nature aura la main si exercée que, dans toutes ses tentatives, on sentira le goût de la nature même.

(II, 25), p. 98

Zeuxis pictor suas res donare ceperat, quoniam, ut idem aiebat, pretio emi non possent.

Dans :Zeuxis et la richesse(Lien)

, p. 99

Le peintre Zeuxis avait pris la décision de donner ses œuvres parce que, selon ses dires, elles ne pouvaient être achetées à quelque prix que ce fût.

(II, 25), p. 233

Zeusis pittore cominciava a donare le sue cose, quali, come dicea, non si poteano  comperare; né estimava costui potersi invenire atto pregio quale satisfacesse a chi  fingendo, dipignendo animali, sé porgesse quasi uno iddio.

(II, 25), p. 232

Dicono che Fidia fece in Elide uno iddio Giove, la bellezza del quale non poco confermò la ora presa religione.

(III, 60), p. 266

Fidias in dimostrare la maestà degli iddii più dava opera che in seguire la bellezza degli uomini.